Actualités tendance
Santé

Comment aider dès aujourd’hui un proche atteint de la maladie 

Accompagner un proche atteint de la maladie d’Alzheimer : conseils d’une neuropsychologue

Vivre aux côtés d’une personne atteinte de la maladie d’Alzheimer, qu’il s’agisse d’un parent, d’un conjoint ou d’un ami proche, suscite de nombreuses questions. Quelles activités proposer pour l’aider au quotidien ? Faut-il l’inciter à se souvenir ? Jusqu’où l’assister dans les gestes quotidiens ? Mathilde Groussard, enseignante-chercheuse en neuropsychologie à l’Université de Caen, apporte des réponses essentielles pour mieux accompagner ces personnes avec bienveillance et efficacité.

Des activités bénéfiques, même si elles ne stoppent pas la maladie

Bien que la progression de la maladie d’Alzheimer soit inévitable, le fait de stimuler son cerveau reste nettement préférable à l’inactivité. En effet, même en l’absence de pathologie, le célèbre adage « use it or lose it » prend tout son sens : il est nécessaire d’utiliser ses capacités cognitives pour tenter de les maintenir. Chez les personnes atteintes d’Alzheimer, cette stimulation peut se traduire par des activités simples basées sur leurs compétences résiduelles. Cela améliore les capacités relationnelles, participe à un meilleur bien-être émotionnel, et peut contribuer à ralentir l’aggravation des symptômes cognitifs.

Une approche thérapeutique complémentaire

Il ne s’agit pas à proprement parler d’un traitement curatif, mais d’une recommandation essentielle. Contrairement à certaines idées reçues, les personnes atteintes d’Alzheimer ne perdent pas toutes leurs facultés, loin de là. Elles conservent des capacités émotionnelles, créatives et sociales précieuses. S’appuyer sur ces aptitudes préservées permet de maintenir un lien humain avec elles, indispensable pour leur qualité de vie.

Les proches n’ont pas pour rôle d’exercer une rééducation du langage ou de la mémoire, ce n’est pas leur mission. Ils doivent d’abord préserver la relation et éviter de mettre le malade en difficulté, ce qui pourrait engendrer stress et frustration.

Quelle intensité de stimulation adopter ?

Il est primordial de ne pas sur-stimuler la personne. L’idée selon laquelle il faudrait la pousser au maximum pour lui faire « résister » est non seulement inefficace, mais également stressante. Mieux vaut orienter la personne vers des activités qu’elle aime, dans lesquelles elle peut réussir, et qui exploitent les fonctions cognitives encore actives.

Il ne s’agit pas de « travailler » la mémoire comme on ferait des exercices, mais d’introduire de façon naturelle la stimulation au sein d’activités quotidiennes et gratifiantes.

Des suggestions d’activités adaptées

Les activités artistiques, comme la musique, sont particulièrement bénéfiques. Elles déclenchent souvent des souvenirs enfouis, stimulent les émotions et permettent aux malades de s’exprimer d’une autre manière. Une chanson familière, une mélodie appréciée, peuvent faire revivre des souvenirs et renforcer l’estime de soi.

Les malades peuvent également continuer les loisirs qu’ils appréciaient avant la maladie : jardinage, tricot, peinture… L’essentiel est de les accompagner sans imposer, en les guidant doucement. Il faut tenir compte de leur difficulté à prendre des initiatives et leur proposer avec bienveillance des choses attractives.

Les gestes du quotidien font aussi partie des activités thérapeutiques

Les rituels quotidiens comme mettre la table, se laver ou s’habiller ne doivent pas être systématiquement faits à la place de la personne malade. Même si cela prend plus de temps, les solliciter dans ces tâches leur permet de rester actifs et de se sentir impliqués. Si un patient pose un bol au lieu d’une assiette, ce n’est pas grave – l’important est qu’il participe. Le proche peut toujours guider sans infantiliser.

Jeux de société et interaction sociale : des alliés précieux

Certains jeux simples comme le jeu de l’oie ou des dominos sont parfaitement adaptés. Ils encouragent la participation ludique sans exiger d’effort mental trop complexe. De plus, ces moments partagés renforcent le lien social et permettent à l’entourage, y compris les petits-enfants, d’interagir avec leur proche dans une ambiance joyeuse.

Préserver le lien social et l’estime de soi

Les interactions sociales contribuent grandement à la qualité de vie des malades. Continuer de leur parler, même si les réponses sont parfois confuses ou répétitives, les aide à rester acteurs de la communication. Le fait de considérer leur parole, de simplifier sans rabaisser le discours, est fondamental pour préserver leur dignité.

Des sorties simples – promenade, visite d’un musée, participation à un spectacle – permettent également de maintenir une connexion avec le monde extérieur. Il ne s’agit pas d’interroger sur le passé, mais de vivre le moment présent en partageant ses ressentis : « Regarde comme cet arbre est magnifique ! » permet davantage d’engagement que toute tentative de « test de mémoire ».

Éviter de forcer les souvenirs : une règle d’or

Montrer des photos peut provoquer de belles émotions, mais attention à ne pas transformer ce moment en épreuve. Demander systématiquement : « Tu sais qui c’est ? » peut être angoissant. Les enfants ou petits-enfants récents sont plus facilement oubliés, car leur souvenir implique une mémoire récente, dégradée chez les malades d’Alzheimer. Cependant, la présence, les gestes, les regards partagés n’en restent pas moins précieux.

Des questions à éviter

Demander : « Tu te souviens de ce que tu as mangé ce midi ? » ou « Tu sais ce que tu as fait hier ? » revient à exposer directement les lacunes de la personne. Cela peut provoquer malaise, incompréhension ou frustration. Mieux vaut s’en abstenir, et préférer des dialogues plus émotionnels, tournés vers l’instant présent ou vers les souvenirs heureux et lointains.

Un accompagnement parfois difficile pour les aidants

Savoir ce qui est bon pour son proche n’est pas toujours évident. Culpabilité, fatigue, doute… les aidants sont souvent confrontés à des limites psychologiques et physiques. Des organismes tels que France Alzheimer sont là pour accompagner et conseiller. Il est aussi essentiel de savoir déléguer : des structures d’accueil de jour, des professionnels à domicile peuvent et doivent prendre le relais à certains moments, pour préserver la santé du proche aidant.

Sources : Entretien avec Mathilde Groussard, docteure en neuropsychologie – Université de Caen. Découvrez toutes les ressources et aides proposées par France Alzheimer.

 

Related posts

Laisser un commentaire

Required fields are marked *

WordPress Theme built by Shufflehound. © 2025 Eforconnection. Tous droits réservés.