Produit phare du régime méditerranéen et symbole de santé, l’huile d’olive, en particulier lorsqu’elle est extra vierge, est souvent perçue comme un produit de grande qualité nutritionnelle. Pourtant, une enquête récente révèle que cette réputation n’est pas toujours méritée : même les produits bio ne sont pas épargnés par la présence de substances polluantes, telles que des plastifiants et des hydrocarbures.
Lot de 2 bouteilles d'huile d'olive de 500 ml avec entonnoir, couvercle anti-ternissement, étiquette, pour cuisine et barbecue
Une étude éclairante sur 22 huiles d’olive extra vierge
Les Français consomment environ 1,7 litre d’huile d’olive extra vierge par habitant chaque année. Afin de mieux cerner la qualité réelle de ces produits, l’Institut national de la consommation, éditeur du magazine 60 Millions de consommateurs, a fait analyser en laboratoire 22 références vendues en grandes surfaces — de marques bio et conventionnelles — ainsi qu’une huile « premium » française. Les prix varient fortement, allant de 10 € à 60 € le litre.
Il s’agit uniquement d’huiles d’olive extra vierge, obtenues par pression ou centrifugation mécanique directe des fruits. Cette mention « extra » implique une conformité stricte aux critères physico-chimiques et sensoriels définis par la législation européenne (règlement n° 2022/2104). Si aucune chaleur ni extraction par solvants ou vapeur n’est utilisée, le produit peut aussi porter la dénomination « première pression à froid ».
Ce marché attire aussi les fraudeurs : au premier trimestre 2024, 50 infractions ont été détectées aux frontières de l’Union européenne, portant sur des problèmes d’étiquetage, falsification d’origine, ou encore des dilutions frauduleuses.
Éléments de qualité sensorielle encourageants
L’analyse révèle cependant quelques signes de qualité. Toutes les huiles analysées contiennent majoritairement de l’acide oléique (oméga-9), acide gras monoinsaturé bénéfique pour le système cardiovasculaire. Cela confirme l’absence de mélange avec des huiles de moindre valeur.
La proportion d’acides gras saturés, susceptibles d’endommager les artères, varie selon les variétés d’olives et leur provenance : la plus faible proportion observée est de 14,8 %, tandis que les plus élevées frôlent les 20 %.
Bonne nouvelle également sur les acides gras trans : aucun échantillon ne dépasse les 0,05 %, bien en deçà du seuil limite fixé à 2 % dans l’Union européenne.
Aucun uvaol ni érythrodiol, deux stérols témoins d’un éventuel mélange avec de l’huile de grignons (résidus d’olive), n’ont été retrouvés. De plus, l’indice de peroxyde, indicateur de l’oxydation et donc de la fraîcheur, reste dans les normes pour toutes les références.
La face sombre : tous les échantillons sont contaminés
Malgré ces signaux positifs, aucune huile analysée ne peut être considérée comme exempte de polluants. Tous les échantillons contiennent au moins un plastifiant ou un hydrocarbure d’huile minérale, parfois à des concentrations préoccupantes.
Les plastifiants, notamment les phtalates (utilisés dans les emballages et chaînes de fabrication), sont présents dans une grande majorité des produits, y compris bio. Seule l’huile d’olive Puget (origine France) fait exception avec une détection minime d’un plastifiant : le DEHT, jugé moins nocif.
Les autres huiles contiennent fréquemment du DEHP, phtalate classé reprotoxique et perturbateur endocrinien. Même si les concentrations retrouvées restent dans les normes réglementaires, leur présence régulière questionne les pratiques industrielles.
Un risque sanitaire posé par les hydrocarbures
Autres contaminants identifiés : les MOSH (hydrocarbures saturés) et les MOAH (hydrocarbures aromatiques), tous deux dérivés du pétrole. Introduits via les équipements de production ou les contenants, ils sont retrouvés dans tous les échantillons analysés.
Les MOSH peuvent s’accumuler dans le foie et les ganglions lymphatiques, tandis que les MOAH sont suspectés d’être cancérigènes. Dans certains cas, les niveaux de MOAH atteignent jusqu’à 10 mg/kg – soit cinq fois au-dessus de la limite jugée acceptable par l’Union européenne.
Bio ou non, la prudence reste de mise
La certification biologique ne protège pas à elle seule des contaminations. La présence de phtalates dans des huiles bio témoigne du défaut de contrôle des matériaux utilisés dans la chaîne de production, notamment les plastiques en contact avec les corps gras. Il est impératif que les fabricants procèdent à une réévaluation stricte de leurs processus pour réduire ces contaminations.
Cela souligne l’importance d’une vigilance accrue à toutes les étapes, de la récolte à la mise en bouteille. Si certains producteurs parviennent à limiter les polluants à des niveaux infimes, d’autres semblent encore négliger l’impact potentiel de ces substances sur la santé du consommateur.
Conclusion : Bien que l’huile d’olive extra vierge conserve d’excellentes qualités nutritionnelles, sa pureté est aujourd’hui compromise par la présence répétée de contaminants industriels. Il est essentiel de lire les étiquettes, de privilégier les producteurs transparents et d’exiger davantage d’engagement des marques. La santé du consommateur ne devrait jamais être sacrifiée sur l’autel de la rentabilité.