La fermeture des dernières mines a relégué le sujet au second plan, voire à l’oubli, tant dans le domaine de la recherche que dans le débat public. Pourtant, la dépendance structurelle de l’Europe aux terres rares et métaux stratégiques remet aujourd’hui la question au centre des préoccupations. Ces éléments sont essentiels à la transition énergétique. « Nous sommes confrontés à une dissonance en tant que consommateurs : nous voulons bénéficier des technologies de pointe, comme l’internet rapide ou les smartphones, mais nous refusons la proximité de mines », souligne Nicolas Charles, géologue au Bureau de Recherches Géologiques et Minières (BRGM). « Extraire ces métaux en France permettrait pourtant de mieux encadrer les pratiques industrielles, ce qui n’est pas garanti dans certains pays producteurs peu regardants sur les normes environnementales ou sociales. »
Ce paradoxe cristallise les tensions de l’industrie minière moderne. Même si les efforts en matière de recyclage progressent et que les principes de sobriété gagnent du terrain, les besoins en métaux restent en forte croissance. De nouvelles exploitations verront nécessairement le jour. Les industriels plaident pour une extraction en Europe, soutenant que les réglementations y sont parmi les plus strictes au monde, bien loin des pratiques chinoises ou africaines. « Le Code minier européen impose des contraintes fortes, encadrant à la fois l’impact environnemental et les conditions de travail », rappellent-ils.
Mais l’équilibre est fragile. Guillaume Pitron, journaliste et cofondateur de Psyché 16, société spécialisée dans l’intelligence minérale, résume la complexité du moment : « L’État doit renforcer le cadre réglementaire pour rassurer l’opinion publique, mais il risque ainsi de décourager les opérateurs intéressés par ces projets. »