Une ville ou une région ?
Étalée sur 82 400 kilomètres carrés — soit deux fois la superficie des Pays-Bas et près de 782 fois celle de Paris — Chongqing défie toutes les normes urbaines. Malgré son apparente immensité territoriale, il s’agit bel et bien d’une seule ville, habitée par plus de 34 millions de personnes. Chaque année, environ 300 000 nouveaux arrivants s’y installent, en grande majorité issus du monde rural chinois à la recherche de nouvelles opportunités.
L’explosion démographique de Chongqing ne date pas d’hier. En 1997, la ville a fusionné avec les municipalités voisines de Qianjiang, Wanzhou et Fuling, passant sous l’administration directe du gouvernement central. Déjà à l’époque, la population atteignait 29 millions d’habitants.
Entre nature et gratte-ciel
Explorer Chongqing, c’est comme plonger dans un univers en trois dimensions. L’architecture de cette ville est fascinante : composée de multiples niveaux, souterrains et passerelles, elle compte plus de 2 200 gratte-ciel de plus de 30 étages.
Les bâtiments se dressent dans un décor urbain vertigineux, auquel on accède par un réseau complexe d’escaliers, d’escalators et de ponts en cascade. Un véritable labyrinthe vertical où même les habitants peuvent perdre leurs repères !
Cette configuration unique a valu à Chongqing le surnom de « ville-montagne ». Construite à cheval entre terrains escarpés et profondes vallées, elle semble s’être moulée sur le relief spectaculaire qui l’entoure.
Ponts suspendus, routes multi-étagées, ascenseurs publics colossaux et même un téléphérique urbain en service : l’ingénierie de Chongqing repousse les limites de l’urbanisme. Le métro, quant à lui, surgit des entrailles de la roche pour traverser parfois… des immeubles !
D’une carte à l’autre, les repères se brouillent facilement. Un lieu visible à proximité peut en réalité se trouver plusieurs étages plus bas ou plus haut. Pourtant, les maisons traditionnelles sur pilotis, perchées au bord des falaises, cohabitent harmonieusement avec les gratte-ciel de verre et de métal.
Chongqing, ville cyberpunk
Chongqing est un exemple vivant du concept de ville « cyberpunk », où un riche héritage historique se mêle à un univers futuriste et ultramoderne. L’équilibre entre traditions ancrées et innovations technologiques y est bluffant.
Désormais quatrième économie de Chine derrière Shanghai, Pékin et Shenzhen, Chongqing s’impose comme un pôle industriel stratégique. Les secteurs de l’automobile et des technologies de l’information et de la communication (TIC) y occupent une place prépondérante.
Dans les rues, les contrastes sont saisissants. Des hipsters déambulent entre les gratte-ciel, des artistes de rue habillent les murs de fresques colorées — un phénomène encore marginal ailleurs en Chine. Le changement est palpable et donne à la ville une nouvelle identité.
À la tombée de la nuit, Chongqing s’illumine et révèle sa facette nocturne. Les fleuves Yangzi et Jialing se parent de lumières scintillantes, reflet d’une métropole en éveil, où la vie ne s’arrête jamais vraiment. Entre traditions séculaires, urbanisme vertical et avant-gardisme technologique, Chongqing s’impose comme une ville unique au monde. Une mégalopole audacieuse, flamboyante, et à découvrir absolument.