Militant emblématique depuis les années 1970, Paul Watson est mondialement reconnu pour son combat acharné en faveur de la protection des océans.
Un activisme radical et assumé
Co-fondateur de Greenpeace, Paul Watson quitte le mouvement en 1977 pour lancer Sea Shepherd, une ONG écologique qui se distingue par ses actions de terrain chocs contre la pêche illégale ou la chasse à la baleine. Il n’hésite jamais à mettre sa liberté en jeu pour défendre ses convictions. Arrêté l’an dernier à la demande du Japon, il a passé cinq mois en prison au Groenland, accusé d’« entrave aux affaires », un chef d’inculpation généralement réservé aux trafiquants ou criminels de guerre. Loin d’être ébranlé, il en ressort plus résolu que jamais. « Si vous voulez changer le monde, vous devrez passer par la case prison », affirme-t-il, un sourire en coin.
« Cesser de croire que nous sommes le centre du monde »
Face à un auditoire suspendu à ses paroles, Paul Watson ne fait pas de détour : notre relation à la nature est profondément erronée. « Nous adoptons une vision anthropocentrique, où l’humanité est au centre de tout. Tout est censé exister pour nous. Nous dominons. Et c’est précisément la cause de notre chute », dénonce-t-il.
Il propose d’inverser cette perception : « Nous devons embrasser une vision holistique. Nous sommes liés à tout ce qui vit. Nous ne sommes pas l’espèce la plus importante de la planète ».
Le jour où le Capitaine Paul Watson a su qu’il consacrerait sa vie aux baleines.
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June 10, 2025
Un discours qui dérange, et il en a bien conscience : « J’ai dit un jour à un journaliste que les arbres, les baleines ou les vers de terre étaient plus importants que les humains. Il était choqué. Mais la vérité, c’est qu’ils peuvent vivre sans nous, tandis que nous, nous ne pouvons pas vivre sans eux », insiste-t-il.
La philosophie d’un combattant de la planète
Paul Watson va bien au-delà de l’écologie. Son message est aussi éminemment philosophique et existentiel.
Il se remémore une leçon de vie apprise alors qu’il était bénévole pour le mouvement indépendantiste American Indian Movement : « Nous étions encerclés par les forces militaires. Il y avait déjà plusieurs blessés et des morts. J’ai dit au chef que cette bataille était perdue d’avance. Il m’a répondu : “Nous ne sommes pas ici pour gagner ou perdre. Nous sommes ici parce que c’est juste, ici et maintenant”. »
Ce moment forge une conviction durable chez lui : « Nous n’avons aucun contrôle sur le futur, mais un contrôle total sur le présent. Nos actions d’aujourd’hui dessinent le monde de demain. »
Il rejette toute forme d’attentisme : « Je ne suis ni optimiste ni pessimiste. Je ne crois pas à l’espoir passif. Je me concentre sur le présent. Si nous mettons à profit le courage et l’imagination pour les transformer en passion, alors nous pouvons transformer le monde. »
📺 Ce samedi 24 mai à 15h05 sur LCI &
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🎤 “Les pirates ne se soucient pas de la bureaucratie et ils agissent”
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@SylviaAmicone reçoit Paul Watson
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May 23, 2025
Sa stratégie repose sur une forme de non-violence offensive : intervenir sans jamais faire de mal, mais sans jamais céder non plus. Un principe qu’il a évoqué avec le Dalaï Lama en personne, qui lui a offert une représentation de Hayagriva, une incarnation de la colère compatissante du Bouddha. « Il m’a dit : tu ne dois jamais blesser autrui. Mais parfois, si quelqu’un refuse de voir la lumière, il faut lui faire suffisamment peur pour qu’il l’aperçoive ».
L’engagement citoyen, levier du changement global
Depuis des décennies, Paul Watson martèle inlassablement le même message : les citoyens sont les véritables moteurs du changement. Et en cette période de crise environnementale, ses mots prennent une nouvelle résonance à l’occasion d’une rencontre internationale de dirigeants politiques à Nice.
Pour lui, il ne faut rien attendre des gouvernements : « Les États ne dirigent pas, ils suivent. Et ils suivent les gens passionnés qui agissent ».
Chaque geste, aussi modeste soit-il, participe à l’édifice : « On peut se dire que sauver une espèce n’est qu’une goutte d’eau dans l’océan. Mais l’océan n’est-il pas constitué de gouttes ?»
À 73 ans, son calme n’a d’égal que sa détermination. « Je m’endors chaque soir en pensant aux 6 500 baleines de l’océan Austral qui vivent aujourd’hui car nous sommes intervenus. Cela m’apporte une paix immense. »
Face aux répressions croissantes et à l’exploitation effrénée des ressources, sa conviction est intacte : « Nous sommes plus de 8 milliards sur cette planète. Le combat sera rude. Mais notre devoir est envers toutes les espèces vivantes. »
Et il rappelle que les grandes révolutions de l’Histoire n’ont nécessité qu’une minorité mobilisée : « L’Histoire montre qu’il suffit de 7 % de la population pour faire une révolution. Nous y parviendrons. »