Une prouesse technologique signée impression 3D
Avec ses dizaines de mètres de hauteur, la Tour Blanche — ou Tor Alva — détient actuellement le record de la plus haute construction imprimée en 3D au monde. Ce projet extraordinaire mêle art, innovation et vision architecturale de rupture, inévitablement destiné à marquer son époque.
Genèse du projet
Imaginée dès 2021, la Tor Alva est née de la collaboration entre l’École polytechnique fédérale de Zurich (ETH Zurich) et la Nova Fundaziun Origen — une fondation culturelle engagée dans la valorisation du théâtre et la mise en lumière du patrimoine alpin via l’architecture contemporaine.
Mais ce sont surtout deux figures emblématiques qui ont été à la tête de cette initiative ambitieuse : l’architecte Michael Hansmeyer et le professeur Benjamin Dillenburger, spécialiste des technologies numériques dans la construction. Tous deux sont rattachés à l’Institut de technologie en architecture (ITA) de l’ETH Zurich.
Conception et fabrication de la Tor Alva
Il a fallu plus de trois ans de gestation avant d’entamer le processus d’impression 3D de cette tour, dont l’assemblage final s’est étendu sur quatre mois. L’édifice a été réalisé à partir d’un procédé novateur alliant béton coulé et coffrage en plastique imprimé en 3D, conçu à l’ETH Zurich.
Construire un tel édifice dans une région soumise à des conditions hivernales rudes, en altitude et relativement isolée, représentait un défi majeur. La solution adoptée ? Modulariser l’ensemble de la structure. Les éléments — dont les 32 colonnes monumentales — ont été préfabriqués en usine avant d’être acheminés jusqu’au chantier, situé à 10 kilomètres de Mulegns, pour un assemblage sur place rapide et précis.
Ce mode constructif a permis de réduire l’impact environnemental, de limiter la main-d’œuvre sur site, de simplifier la logistique et d’assurer une qualité optimale. L’assemblage par vissage garantit par ailleurs une grande flexibilité, en rendant possible le démontage et la relocalisation de la tour. En hiver, la structure sera protégée par une enveloppe translucide démontable, garantissant ainsi le confort des visiteurs malgré les intempéries.
La Tour Blanche dévoilée dans le village de Mulegns, dans les Grisons. © Origen Festival Cultural, YouTube
Un joyau architectural et culturel
La Tor Alva, imprimée en béton blanc à l’apparence sculpturale, ne se limite pas à un exploit d’ingénierie. C’est aussi un nouveau lieu de vie culturelle au cœur des Alpes. Elle abrite en son sein une petite salle de spectacle de 32 places intégrée autour d’une scène centrale, pensée pour accueillir représentations, concerts et événements artistiques intimistes.
Dans un village quasi désert — seulement une douzaine d’habitants y réside encore — cette initiative insuffle une énergie nouvelle. Grâce à l’éclat nocturne de cette structure innovante, la Nova Fundaziun Origen espère revitaliser Mulegns, redonnant à ce hameau alpin une nouvelle âme.
La tour rend aussi subtilement hommage aux artisans baroques qui ont marqué les Grisons. Elle se veut autant un témoin du passé qu’un guide vers l’avenir pour l’architecture en milieu rural, démontrant que tradition et technologie peuvent coexister harmonieusement dans des projets à forte valeur patrimoniale et sociale.