Un édifice désacralisé et une tendance de fond
En 2023, l’église Saint-François-d’Assise d’Heerlen accueille ses dernières cérémonies religieuses, devenant ainsi inoccupée. La municipalité saisit cette opportunité pour lui offrir une seconde vie, dans la droite ligne d’une tendance bien ancrée aux Pays-Bas. En effet, dès 2019, près de 20 % des sites religieux néerlandais avaient été reconvertis en lieux culturels, commerciaux ou sportifs : théâtres, restaurants, hôtels, bibliothèques, et même salles de sport.
Un projet de reconversion audacieux
Bâtie il y a plus de cent ans, l’église constitue un monument emblématique dans le paysage urbain d’Heerlen. Attachée à la préservation de son patrimoine, la ville a confié sa transformation à deux agences d’architecture réputées, MVRDV et Zecc Architecten. Leur mission : conserver les éléments patrimoniaux autant que possible tout en imaginant un espace aquatique moderne.
Le projet, baptisé « Heerlen Holy Water », vise à créer un centre aquatique convivial et innovant directement implanté dans le centre-ville. Selon les premières études de faisabilité, le bâtiment possède une taille adéquate pour accueillir un bassin, sa structure est saine et les matériaux d’origine comme le bois et les vitraux seront préservés grâce à l’installation de parois vitrées conçues pour résister à l’humidité.
Quand l’église se mue en piscine
Adapter une église en piscine publique nécessite quelques aménagements subtils, avec une priorité claire : préserver l’identité spirituelle et architecturale du lieu. Le plancher de l’église laissera place à un bassin muni d’un sol ajustable en hauteur, pouvant être utilisé pour diverses activités au-delà de la natation. Le dispositif est même capable de se recouvrir d’une fine couche d’eau, créant l’illusion de marcher sur les eaux — un clin d’œil évident aux récits bibliques !
L’utilisation de l’espace sera également flexible : en l’absence de bassin apparent, la salle deviendra un vaste lieu de rencontres et d’événements. L’ancienne chaire surélevée sera transformée en poste de surveillance pour les maîtres-nageurs, tandis que les anciens bancs serviront à la fois de sièges pour les nageurs et de tables dans l’espace bar, lui-même séparé du bassin par une cloison vitrée.
Enfin, le toit du bâtiment bénéficiera d’une isolation extérieure améliorée afin d’assurer une performance thermique optimale et une bonne acoustique, le tout sans dénaturer la structure historique. Ce qui distingue ce projet est sans doute la manière habile dont il conserve et évoque, à chaque recoin, l’histoire religieuse du lieu.