Lors de l’événement SantExpo, une table ronde animée par Big média et Futura Santé sur le stand de la French Care a mis en évidence les avancées décisives dans le secteur en pleine croissance de la FemTech, soulignant ses implications économiques, sociales et sanitaires importantes.

La FemTech, un enjeu stratégique pour la France et l’Europe

La santé des femmes, longtemps négligée dans le domaine de la recherche médicale, bénéficie enfin d’une attention soutenue à l’échelle internationale. Le Président Emmanuel Macron a récemment convié les scientifiques américains à mener leurs recherches sur le sol français dans le cadre de l’initiative « Choose Europe for Science ». Un signal fort qui fait écho au décret signé en janvier 2024 par le président Joe Biden incitant les agences fédérales américaines à accorder une priorité urgente à la recherche sur la santé des femmes, jusqu’ici mise à l’écart des études cliniques classiques.

Le marché mondial de la FemTech est en plein essor. Sa valorisation est estimée à 135 milliards de dollars d’ici 2030, ce qui en fait un secteur prometteur sur le plan économique. Mais son impact dépasse les chiffres : il redéfinit l’accès aux soins pour des millions de femmes à travers le monde.

Investir dans la santé des femmes : un retour triple

Les enjeux financiers sont majeurs. Le McKinsey Health Institute estime que les disparités sanitaires entre les sexes coûtent 1 000 milliards de dollars par an à la société mondiale. Un simple dollar investi dans la santé féminine entraînerait un retour sur investissement de trois dollars, notamment par une réinsertion des femmes aujourd’hui écartées du marché du travail pour raisons de santé.

À découvrir aussi  La plus haute tour imprimée en 3D au monde érigée en pleine montagne

« Mieux prendre en charge la santé des femmes et permettre un remboursement des dispositifs médicaux évite des parcours de soins fragmentés, coûteux et inefficaces », explique Juliette Mauro, PDG de My S Life et cofondatrice de FemTech France.

Briser les tabous autour de la santé féminine

Les tabous continuent de freiner la progression de la FemTech. Comme le souligne Clémence Lejeune, fondatrice de Sorella, « tout ce qui concerne la santé féminine reste fortement tabou, dans la société comme chez les femmes elles-mêmes. Nombre d’entre elles ignorent même que certaines douleurs sont anormales, tant elles ont été normalisées ».

Avec elle, Juliette Mauro et Paola Bourdon, cofondatrice de Emagina, ont démontré le rôle crucial de l’innovation technologique dans la libération de la parole, mais aussi dans la collecte de données de qualité, essentielles pour faire avancer la recherche dédiée aux besoins spécifiques des femmes.

La fin de la « médecine bikini »

La recherche médicale a longtemps réduit la santé féminine aux organes reproducteurs, reléguant d’autres problématiques pourtant centrales au second plan. Cette vision archaïque, que Juliette Mauro qualifie de « médecine bikini » — où utérus et seins résument la condition féminine — est aujourd’hui activement remise en question.

Selon un rapport mené par Medicen Paris Region et Care Insight, les femmes sont encore largement sous-représentées dans les essais cliniques concernant des maladies telles que l’Alzheimer ou les pathologies cardiovasculaires. Résultat : des symptômes mal compris, des diagnostics retardés et une prise en charge insuffisante.

Un cas parlant est celui de l’infarctus du myocarde, longtemps perçu comme une pathologie masculine. Les femmes arrivent en moyenne 15 minutes plus tard aux urgences, comme observé à l’hôpital Lariboisière à Paris, souvent faute de reconnaissance de leurs symptômes spécifiques. Ce retard augmente significativement leur taux de complications ou de mortalité.

À découvrir aussi  Le café, longtemps critiqué, pourrait en réalité avoir des effets bénéfiques surprenants

FemTech : l’alliée des pathologies spécifiques et invisibles

La FemTech joue un rôle clé dans l’amélioration de la prise en charge de nombreuses pathologies touchant spécifiquement les femmes ou celles qui s’y manifestent différemment. Qu’il s’agisse de menstruations douloureuses, de l’endométriose, de la ménopause, ou encore de maladies chroniques comme le diabète, l’asthme ou les troubles cardiovasculaires, les femmes nécessitent une approche individualisée.

La prévalence plus forte de certaines pathologies comme la dépression, la maladie d’Alzheimer ou la sclérose en plaques chez les femmes justifie également le besoin d’approfondir la recherche genrée. Pour Paola Bourdon, « la FemTech amène la recherche au cœur de la vie réelle, au contact direct des soignants et patientes, en collectant des données utiles, concrètes et souvent inédites ».